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Le Conseil d’administration : définition, fonctionnement et enjeux juridiques

16.07.2025

Le Conseil d'administration est un organe collégial stratégique central dans la gouvernance des sociétés anonymes (SA) et de certaines sociétés par actions simplifiées (SAS) si leurs statuts le prévoient. Il incarne le lien entre les actionnaires et les dirigeants opérationnels, en veillant à la bonne gestion de la société, dans l’intérêt social. Mais quelles sont précisément ses missions ? Comment est-il composé ? Quelles sont les règles juridiques qui encadrent son fonctionnement ? Tour d’horizon complet du cadre applicable.

1. Définition juridique du Conseil d'administration

Le Conseil d'administration est l’organe chargé de déterminer les orientations stratégiques d’une société anonyme et de veiller à leur mise en œuvre, en contrôlant l’action de la direction générale. Il agit dans le respect des intérêts sociaux, des actionnaires, mais aussi de l’ensemble des parties prenantes de la société.

Le Conseil d’administration se prononce et oeuvre par voie de délibération collégiale. 

Il ne faut pas le confondre avec :

  • L’assemblée générale, composée des actionnaires, qui vote les décisions qui incombent aux actionnaires à savoir notamment les décisions majeures et structurantes pour la société (approbation des comptes, affectation du résultat, nomination des administrateurs…),
  • Le directeur général (DG) ou le président-directeur général (PDG), chargés de la gestion courante des affaires de l’entreprise et de l’exécution de la stratégie.

2. Sociétés concernées

Le Conseil d'administration est obligatoire dans les :

  • Sociétés anonymes à Conseil d'administration (SA) (articles L. 225-17 à L. 225-56 du Code de commerce),
  • Sociétés d’économie mixte, certaines sociétés cotées, établissements publics, etc.

Il est facultatif dans les SAS, où les statuts sont libres d’organiser un mode de gouvernance personnalisé (président seul, comité, conseil…).

3. Composition du Conseil d'administration

La composition du conseil d’administration est fortement influencée par la loi n° 2019-486 du 22 mai 2019, dite loi PACTE, qui s’inscrit dans une dynamique de modernisation et de transparence de l’économie française. Cette réforme a renforcé les exigences en matière de gouvernance d’entreprise, notamment en imposant une meilleure représentation des salariés au sein des conseils d’administration.

La loi PACTE a également réaffirmé l’importance de la diversité dans la composition de ces instances, qu’il s’agisse de la parité entre les femmes et les hommes, déjà encadrée par la loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011, ou de la diversité des compétences, des expériences et des parcours professionnels, afin de favoriser une gouvernance plus efficace, représentative et responsable.

a. Nombre d’administrateurs

  • Minimum légal : 3 administrateurs
  • Maximum : 18 administrateurs

En principe, le Conseil d’Administration doit comprendre entre 3 et 18 membres, conformément à l’article L. 225-17 du Code de commerce. Ce nombre peut être porté à 24 pour les sociétés cotées avec salariés administrateurs.

La loi PACTE est venue compléter ce cadre, en imposant notamment une représentation plus importante des salariés au sein du conseil.

Ainsi, lorsqu'une société ou son groupe emploie, à la clôture de deux exercices consécutifs, au moins 1 000 salariés en France ou 5 000 dans le monde, elle doit inclure au moins deux administrateurs salariés si le conseil comporte plus de huit membres conformément à l’article L. 225-27-1 du Code de commerce. Cette mesure vise à garantir une meilleure prise en compte des enjeux sociaux dans la gouvernance d’entreprise.

b. Qui peut être administrateur ?

  • Toute personne physique ou morale (dans ce cas, elle doit désigner un représentant permanent),
  • Un actionnaire ou un tiers, sauf clause contraire des statuts,
  • Certaines interdictions s’appliquent (ex. : condamnation pénale, faillite personnelle).

c. Représentation des salariés

Les grandes sociétés (≥ 1000 salariés en France ou ≥ 5000 à l'international) doivent intégrer 1 ou 2 administrateurs salariés, selon la taille.

4. Missions du Conseil d'administration

Conformément à l’article L. 225-35 du Code de commerce, les principales missions du conseil sont :

a. Déterminer les orientations stratégiques

Il fixe les grandes lignes du développement de l’entreprise : investissements, acquisitions, développement à l’international, nouvelles offres, etc.

b. Nommer (ou révoquer) les dirigeants

  • Nomination du président du conseil
  • Nomination du directeur général (ou PDG)
  • Fixation de leur rémunération

c. Contrôler la gestion de l’entreprise

Le conseil exerce un pouvoir de contrôle permanent sur les dirigeants. Il peut demander tout document utile, convoquer des audits internes, etc.

d. Autoriser certaines opérations

Des actes spécifiques nécessitent son autorisation préalable : cessions d’actifs significatifs, prises de participation majeures, emprunts importants…

5. Fonctionnement pratique du Conseil d'administration

a. Convocation et fréquence des réunions

  • Le conseil se réunit aussi souvent que l’intérêt social l’exige, avec un minimum d’une réunion par trimestre.
  • La convocation est faite par le président (ou parfois par un tiers des administrateurs).

b. Déroulement des réunions

  • Ordre du jour transmis en amont,
  • Présence physique ou visioconférence (si les statuts le permettent),
  • Compte rendu de la réunion consigné dans un procès-verbal.

c. Quorum et majorité

  • Le conseil délibère valablement si la moitié au moins de ses membres sont présents.
  • Les décisions sont prises à la majorité des voix (sauf statuts prévoyant une majorité renforcée).

6. Rémunération des administrateurs

Les administrateurs peuvent percevoir :

  • Des jetons de présence, dont le montant est fixé par l’AG et réparti par le conseil,
  • Des rémunérations spécifiques en cas de fonctions particulières (présidence de comité…).

Incompatibilités et conflits d’intérêts doivent être surveillés. Les conventions réglementées impliquant un administrateur doivent être soumises à un contrôle strict.

Avec la loi Sapin II, le Conseil d’administration des sociétés cotées doit désormais soumettre à l’approbation des actionnaires la politique de rémunération des dirigeants, consacrant ainsi un "say on pay" contraignant et renforçant la transparence et le contrôle sur les pratiques de gouvernance.

7. Responsabilités et risques juridiques

Les administrateurs engagent leur responsabilité en cas de :

  • Faute de gestion,
  • Violation de la loi ou des statuts,
  • Négligence grave ayant causé un préjudice à la société.

Ils peuvent être poursuivis civilement (action en réparation) et parfois pénalement (abus de biens sociaux, faux, présentation de comptes inexacts…).

Il est fréquent que les sociétés souscrivent une assurance responsabilité civile des mandataires sociaux (RCMS).

8. Le rôle des comités spécialisés

Dans les grandes entreprises, le conseil délègue certains travaux à des comités :

  • Comité d’audit : contrôle des comptes, gestion des risques,
  • Comité des rémunérations : évaluation et proposition de la politique de rémunération des dirigeants,
  • Comité des nominations : sélection des nouveaux administrateurs ou dirigeants.

Ces comités rendent compte de leurs travaux devant le conseil.

9. Digitalisation et automatisation des conseils

La tenue des conseils d’administration s’adapte aujourd’hui aux outils numériques :

  • Plateformes de dématérialisation des convocations et des procès-verbaux,
  • Visioconférences sécurisées,
  • Archivage et gestion électronique des décisions (GED juridique),
  • Automatisation des PV de réunion, de l’ordre du jour à la rédaction conforme aux obligations légales.

Conclusion

Le Conseil d'administration joue un rôle central dans la gouvernance d’une société, à la croisée des chemins entre stratégie, contrôle et représentation des actionnaires. Sa bonne organisation est un gage de sérieux et de pérennité pour toute entreprise structurée.

Pour les professionnels du droit, la digitalisation des instances de gouvernance (et notamment l’automatisation de la documentation juridique) constitue un levier fort d’efficacité. 

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